Arrivé à Paris

* Lorsque les premières maisons de la ville apparurent devant ses yeux, Aurélien en aurait presque pleuré. Il faut dire que sa longue chevauchée depuis la province fut des plus catastrophiques entre les chutes dûes à son inaptitude à maîtriser son cheval et les aléas du temps qui avaient rendu son voyage encore plus dur pour son pauvre corps.

Ah ! Il ne rêvait que d'une chose pour l'instant trouver une auberge pour prendre un bon repas chaud et se baigner. Il ne devait pas être très amène avec ses habits poussiéreux et plein de boue.

Il s'avança encore un peu à l'intérieur de Paris puis se décida à descendre de son étalon alezan. Une opération bien dangereuse quand on connaissait ses talents de cavalier. Hélàs pour lui, la chance n'était pas avec lui car il s'accrocha le pied dans l'un des étriers. Et au lieu de retomber gracieusement sur des deux jambes, il s'affala lourdement sur les fesses, sa botte droite emmêlée dans les sangles de sa monture. *


" Par St Georges, ne bouge pas l'ami !"


* Mais son cheval, loin d'obéir aux ordres affolés de son maître, se remit tranquillement au pas *


" Aïe ! Stop ! Pas bougé ! Stupide animal arrête-toi !"


* L'avancée de l'étalon étirait douloureusement la jambe droite d'Aurélien qui se voyait obligé de prendre appui sur les mains pour pouvoir se soulever un peu et ainsi suivre sa monture. Mais la tâche était fatigante et ses bras commençaient déjà à lui faire mal. *


"Ho ! Ho ! Arrête-toi maintenant ! Ho !"


* Ses ordres avaient beau être hurlé, son cheval poursuivait placidement son chemin. Aurélien était de plus en plus en mal entre sa jambe qui se faisait tractée sans ménagement et les muscles de ses bras qui étaient au supplice.
Dans un geste de désespoir, il s'aggrippa aux pavés de la ruelle et s'y accrocha comme si sa vie en dépendait espérant ainsi que cela obligerait l'animal à stopper sinon ralentir sa progression.

Enfin la bête, comprenant que son cavalier était dans une position inhabituelle, s'arrêta. Aurélien lâcha un énorme soupir de soulagement.

Il tendit alors les mains vers son pied mais se trouvait encore trop loin pour pouvoir le libérer de son entrave. Mais il hésita à bouger craignant que ses gestes soient mal perçus par l'animal et que ce dernier se remette à marcher. Pourtant, Aurélien ne pouvait pas rester dans cette position inconfortable indéfiniment.
Il baissa la tête avec découragement.*


" Heureusement le ridicule ne tue pas."

* Alain se dirigeait vers l'auberge quand il surprit un curieux spectacle auquel il ne put s'empêcher de rire *


" Bonjour l'ami un ennui avec votre fidèle canasson? "


* Alain s'approcha de l'animal qu'il retint par les rênes *


" Vous pouvez vous dégager, je le tiens. "

* Aurélien ne se le fit pas dire deux fois et se tortillant un peu, il se rapprocha de son pied emprisonné. Il poussa presque un cri de victoire lorsque ses doigts purent se saisir du lien rebelle. Son visage rayonnait de tout son bonheur de pouvoir enfin se libérer de cet odieux étrier de malheur. *


" Merci mon brave. Vous êtes mon sauveur !"


* Enfin, il put se relever. Il s'époussetta rapidement et remit un peu d'ordre dans ses longs cheveux. Puis, il se tourna vers le passant qui venait de le sortir de ce mauvais pas avec un grand sourire reconnaissant. *

" Permettez que je vous sers la main Monsieur."

* Mais Aurélien vit avec horreur l'état de propreté de sa main aux doigts poussiéreux et plein de boue et aux ongles rendus noirs par les pavés. Il la retira bien vite avant que le jeune homme ne s'empare.

Il saisit son mouchoir et se mit à s'essuyer vigoureusement les mains mais sa tâche était vaine. Il ne faisait qu'étendre la saleté un peu plus.*


"Je suis confus Monsieur."


* Il scrutait autour de lui à la recherche d'un point d'eau salutaire. *

" Si je pouvais trouver une fontaine ou un peu d'eau... Ah ! Vous devez me trouver bien rustre !"

* Aurélien était embarrassé. Il se comportait de façon grossière. Cet homme risquait de penser qu'il le prenait de haut. *

* Alain faisait de son mieux pour ne pas rire, mais de voir ce grand jeune homme se battre avec un mouchoir pour... mieux vallait-il qu'il se reconcentre avant de rire ouvertement *

" Ce n'est rien de bien méchant! Je m'appelle Alain de Soisson, des Gardes Françaises! "

* il lui tendit la main *

" Venez par ici, à quelque pas se trouve une fontaine "

* Aurélien releva la tête un peu surpris. Il avait failli oublier qu'il n'était pas seul en fait. Penaud, il rangea vivement son mouchoir.

Il hésita encore une seconde avant de se saisir timidement de la main tendue par cet Alain de Soisson. *


" Je m'appelle Aurélien. Aurélien Frédéric de Brienne. Enchanté Monsieur de Soisson. Excusez-moi, j'aurai voulu être plus présentable. Par où faut-il aller pour trouver votre fontaine ?"

* Quel drôle de bonhomme cet Aurélien... tant de manières, il ne devait pas venir des bas quartiers de Paris celui ci... *


" Enchanté également Monsieur de Brienne! mais s'il vous plait, appelez moi Alain! La fontaine se trouve à quelques pas sur la gauche, devant une auberge très animée où l'on sert un délicieux petit vin "

"Vous connaissez bien le quartier Mons... euh... Alain. Vous êtes de Paris, je présume. J'avoue que moi, je viens tout juste d'arriver de ma lointaine Province... À gauche, vous disiez ? Alors je vous suis !"

* en marchant vers le point d'eau *

" Oui, en effet j'habite Paris depuis de nombreuses années maintenant, bien que ma famille soit native de Normandie.
Si vous cherchez où loger, l'auberge toute proche pourra certainement vous accueillir. Peut-on savoir ce qui vous amène dans cette grande ville si éloignée de votre Province Monsieur de Brienne? "

* Suivant son acolyte *


"Je vous remercie de votre aide Alain. D'ailleurs il serait plus simple que vous m'appeliez aussi par mon prénom. Je pense qu'il est inutile que vous soyez le seul à respecter l'étiquette."


* Il lui fit un franc sourire *


" Je suis peut-être d'ascendance noble mais je n'ai rien d'un grand seigneur de Versailles. Aurélien sera tout aussi parfait que Monsieur de Brienne. Oh mais je parle, je parle et je ne réponds pas à votre question. Je suis monté jusqu'à Paris pour me trouver du travail. Je suis précepteur vous savez. "


* Il s'arrêta un instant et regarda autour de lui *


" Sommes-nous arrivés à la fontaine ?"

" Ainsi vous êtes précepteur Aurélien vous devez avoir une grande culture pour exercer ce beau métier! peut-être même une passion particulière? pour les arts ou les sciences?.. "

* désignant d'un coup de tête*

" voici la fontaine! et ici là, la taverne. Vous pouvez déposer votre cheval à l'abreuvoir si vous le souhaitez "

>>>> Fontaine